Luneciole

Moonday

Jeudi 16 janvier 2014 à 20:29

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Hé toi là, tu sais que ça commence à faire un petit bout de temps que je t'attends sans relâche ? Je guette, j'espère, je crois t'apercevoir puis je te perds de vue, je me ronge les ongles, je fais les cent pas et je deviens folle, folle, folle, folle de toi. Je m'accroche à l'idée insensée que tu finiras bien par débarquer, et j'attends encore.
 
Où es-tu ? Je te cherche du regard partout et nulle part. Je vogue un peu au hasard. Il commence à se faire tard et les nuits sans toi virent au cauchemar. Je suis censé faire comment sans toi ? Alors je t'attends et les aiguilles tournent et tournent encore jusqu'à l'aurore. J'attends, parce que c'est la seule chose qu'il me reste : le temps. Jusqu'au jour où même lui me glissera entre les doigts. Avant que cela n'arrive, dépêche-toi de poser tes valises et de tout faire valser, j'ai besoin de vivre. Je n'en peux plus de survivre.         
 
J'ai beau retourner la situation dans tous les sens, me torturer l'esprit encore et encore, j'en reviens toujours à la même conclusion : ma vie a besoin de ce foutu chamboulement que toi seul peux m'apporter. Tu sais, sans toi les jours passent à une lenteur indéfinissable. Le temps est dégueulasse, les rues sont vides et les gens sont chiants. J'ai l'impression de regarder ma vie se jouer sans moi. Avouons-le, toute seule, je perds mon temps.
 
Personne n'est fait pour vivre seul. Peut-on vivre heureux ainsi ? Pure connerie. On se cache pour ne pas souffrir, comme on se cache de la pluie, du vent, de l'oubli et des mots blessants.  On  ne s'expose plus, ni au froid ni même à l'amour.  Je pointe du doigt la facilité à plonger la tête sous l'eau dès qu'un cœur en frôle un autre.  Ce n'est pourtant pas compliqué. C'est comme en hiver.  Les feuilles volent, la pluie se déchaine, le thermomètre dégringole mais il reste l'écharpe et le grand manteau, non ?  On peut très bien sortir et affronter les frissons de l'hiver et des rencontres.  Alors c'est trop facile. C'est trop facile de dire, j'ai peur de l'amour, j'ai peur des je t'aime, j'ai peur de l'autre.
 
J'ai besoin de voir tes yeux foncés et malicieux de caïd des bacs à sables me regarder de toute leur intensité, que ton sourire en coin accompagne ma maladresse, que ton insolence naturelle me fasse devenir folle, que ta voix grave me souffle des niaiseries dans l'oreille. Je veux que tu m'enveloppes dans tes bras quand je fais semblant d'avoir froid, passer des heures à t'écouter parler et à te raconter les moments de ma vie que tu as raté. Je veux qu'on prenne notre petit déjeuner avec les yeux à moitié fermés et les cheveux ébouriffés. Je veux te beurrer les tartines qu'on mangera dans le canapé, je veux que tu te moques de moi parce que je ne sais pas faire le café. Je veux qu'on s'engueule à propos du programme télé et te sauter dessus pour récupérer la télécommande. Je veux que tu me chatouilles à m'en faire pleurer, juste histoire de pouvoir me venger. J'ai envie de me balader uniquement vêtue d'une de tes chemises, que tu finiras par m'arracher. J'ai envie qu'on choisisse les prénoms des enfants qu'on n'aura probablement jamais.
 
J'ai besoin de me sentir vivant, tu comprends ? Je veux pouvoir sourire même quand tu n'es pas là et attendre avec impatience les prochaines fois. Comme le petit garçon qui attend Noël. Je veux perdre mes doigts dans tes longs cheveux et perdre mon âme au plus profond de tes yeux, te regarder dormir comme un bébé et quand tu es malade veiller à ton chevet. Je veux courir et chanter sous la pluie, traverser la ville en courant à minuit et refaire le monde dans un de ces bistrots d'Italie. Je veux prendre la route avec toi, partir n'importe où et y faire n'importe quoi, vivre à coup de fous rire et de sexe sous tous les toits. J'ai besoin de me sentir rassuré. Tu sais, la noirceur ne demande pas très cher le loyer, alors ça fait un moment que je m'y suis installé. J'ai besoin d'en sortir, de l'envoyer se faire foutre et toi seule peut m'y aider.

J'ai besoin que tu m'attrapes par la taille et que tu m'embrasses à m'en flinguer les lèvres. Je veux entendre tous les soupirs que je t'ai mille fois imaginé pousser, je veux voir le désir se dessiner dans ton regard, sentir mes joues rougir sous son poids et te voir perdre le contrôle au moment où moi je perds l'envie de rester sage. Je veux qu'on coure dans la rue en pleine nuit, qu'on prenne un bain moussant et qu'on fasse l'amour sous la pluie. Je veux te présenter à toutes mes amies et les faire crever de jalousie. Je veux t'embrasser à en mourir et un jour te recouvrir de chantilly. Je voudrais qu'on aille à Disneyland et qu'on devienne potes avec Mickey et que tu m'emmènes à Londres même si on ne sait pas parler anglais. Je veux que tu me cries que tu n'aimes que moi, même si je te répondrais toujours que je ne te crois pas. Je veux qu'on aille au cinéma et qu'on n'écoute rien du film, qu'on se roule dans l'herbe et que tu me traites de gamine. Je voudrais te foutre la honte dans un karaoké. Je veux te traîner dans les magasins et que tu me dises comment m'habiller, qu'on prenne des photos affreuses dans le photomaton d'Intermarché et te chanter des berceuses comme si c'était toi le bébé. Je veux que tu me racontes tes soirées de débauche et faire semblant de ne pas m'être inquiétée.
 
Je veux passer la journée avec toi en pyjama, te l'arracher quand sur mon corps se poseront tes doigts et te faire l'amour sans foi ni loi au moins cent fois par mois. Je veux me battre avec toi contre le parapluie et faire les magasins à Paris même si je n'ai jamais supporté les quartiers huppés et les effluves des parfumeries. Je veux qu'on passe des heures en terrasse sous le soleil. Je veux qu'on fasse la sieste à n'importe quelle heure parce qu'on a trop sommeil, qu'on aille bronzer et qu'on s'embrasse toute la journée. Je veux qu'on choisisse le restau le plus cher et qu'on parte sans payer. Je veux que tu me racontes ta vie et tes envies, que tu me parles de tes parents, de tes premières dents, de ce que tu veux et même de tes premiers amoureux. Je veux te donner ce qui il y a de mieux chez moi parce que tu ne mérites pas moins. J'ai besoin que tu acceptes ma fragilité comme mon indépendance, que tu chérisses mon côté ours qui se complaît dans l'errance. J'ai besoin de voir les aiguilles tourner dans le mauvais sens.
 
J'ai envie qu'on aille à la plage pour te forcer à te baigner même si l'eau est gelée. Je veux te voir être jaloux quand je dis bonjour au boulanger, je veux qu'on danse à ne plus pouvoir marcher. Je voudrais que tu sois fier de m'avoir même quand je ferai peur à voir. J'ai envie qu'on s'enfile vodka et tequila et qu'on se réveille avec la gueule de bois dans un endroit qu'on ne connait pas. Je veux que tu me traînes dans des concerts où je n'ai pas envie d'aller, je veux qu'on passe une nuit dans Ikea, qu'on dorme à la belle étoile, qu'on mange chinois et qu'on se tartine de chocolat. Je veux lire un bouquin et te forcer à le dévorer, même si le titre est écrit en rose et que ça m'a fait pleurer. Je veux que tu m'écrives des lettres que je ne jetterai jamais, je veux que ta mère connaisse mon nom et ma couleur préférée.
 
Je n'ai aucune envie de voir s'entasser ces jours qui passent et se ressemblent. J'ai besoin de les renouveler chaque matin. Je veux que tu m'accompagnes même dans mes égarements,  parce qu'errer à deux c'est bien mieux et puis il y a de jolis paysages quand tu lèves les yeux.  Je veux t'emmener au cœur des places qui ont bercé mon enfance et qu'on vive la plus impudique des romances, qu'on fraude le train, qu'on prenne l'avion, ou encore un vieux van qu'on aura retapé. On se lancera sur la route la nuit tombée, je fermerai les yeux et tu me diras quand tourner. Je m'écroulerai de rire entre deux baisers. On prendrait un grand matelas à l'arrière pour se battre et s'ébattre de midi à minuit. Je veux qu'on traverse l'Asie et qu'on se regarde vivre dans le regard de l'autre, je veux qu'on s'aime sans sursis et qu'on passe la nuit à se rêver astronautes.
 
Je veux que tu oublies ta brosse à dent chez moi et qu'on bronze dans mon jardin en juillet. Je veux qu'on saute en parachute même si je trouve que c'est de la folie et je veux faire l'amour dans un ascenseur à minuit. On sera les rois du monde, qu'on s'en aille en Afrique ou dans un pays exotique, qu'on dîne à la pizzeria du coin ou dans un restau chic. Je voudrais que ton père m'adore et que le mien t'accepte, qu'on dorme n'importe où et que tu me voles toute la couette. Je veux que tu me fasses pleurer et te traiter de gros con pour finalement te prendre dans mes bras quand tu demanderas pardon. Je veux qu'on aille à Paris pour faire du lèche-vitrine, te prendre en photo et qu'on se paume dans le métro, que tu te moques de moi parce que je n'ai pas d'abdos alors que toi t'as les tablettes de chocolat de Rambo. Je veux faire semblant de m'intéresser au foot histoire que tu me trouves géniale et je veux que tu m'emmènes voir les plus belles comédies musicales. Je veux que tu me fabriques un beau tapis volant et qu'on aille se cacher là-bas, chez Peter Pan. Je veux vivre à cent à l'heure sans penser au lendemain, je veux qu'on tue la routine à coup de rêves de gamins.
 
Je veux courir sur la plage une nuit d'été où l'air marin et le fracas des vagues sur les rochers nous émerveillera. Je veux te faire l'amour dans le sable mouillé au moins une fois. Je veux que tu m'accompagnes à Roland-Garros et t'emmener aux plus grands concerts et comédies musicales de la capitale. Je veux que chaque instant frôle l'apothéose et le dénouement final. Je veux te prendre dans mes bras quand il fait trop froid ou même juste pour être près de toi, te dévorer de mes yeux cernés et te dire à quel point je crève d'amour quand t'allumes en moi ce grand brasier. Je veux qu'on passe des soirées au chaud, avec une grosse couette, ufeu de bois, ton film préféré qu'on a vu au moins cinquante fois, tes lèvres et mes dix doigts. Je veux que tu apprennes à aimer chacun de mes défauts au moins autant que mes maux. Je veux être ton auteur personnel, te conter, te chanter et te dessiner les milliards d'étoiles du ciel. Je veux être ton lion et ton soleil pour te protéger dans ton sommeil. Je veux qu'on s'embrasse partout, au cinéma, dans la file d'attente de la banque, entre les étagères de la bibliothèque, chez l'asiatique du coin et même au musée. Je veux rentrer chez moi, m'allonger sur le lit, penser à toi et sourire, juste en retraçant dans mon esprit le contour de tes formes et les boucles de tes cheveux. Je veux souffrir et penser à toi pour aller mieux.
 
Je pourrais encore écrire des milliers de lignes, tu ne connais pas le quart de tout ce que je m'imagine. On a du pain sur la planche et un calendrier bien chargé alors s'il te plaît, rapplique dans les plus brefs délais. Tu t'es déjà bien assez fais désirer. Viens vite, vite, vite, m'arracher à l'ennui et à la médiocrité.
 
Je pourrais te déballer une immensité d'adjectifs mielleux sur nos querelles d'amoureux et des tonnes de préciosités sur l'essence même de notre romance. Je voudrais inventer une grammaire pour écrire une histoire qui ne ressemble qu'à nous. Alors dépêche-toi. Je n'en peux plus de ne pas te connaitre. Rentre-moi dedans, casse moi les dents, brûle mes os et apprends-moi les sentiments. J'ai besoin que tu me fasses vibrer et que tu me tortures l'estomac. Je n'en peux plus de vivre sans toi.


 
Texte : Bleu - J / Rose - C

Par Mademoiselle-Marianne le Samedi 18 janvier 2014 à 12:14
J'ai encore adoré lire ton texte, c'est si bien écrit qu'on nous pouvons imaginer cet amour fou qui retournent ces deux personnages. J'ai bien aimé la manière dont tu as su "arrêter" ton texte, la chute est magnifique.

Continue, encore bravo !

Ton admiratrice littéraire.
Par Croky le Dimanche 19 janvier 2014 à 16:03
C'est hyper top ! Ca parait long à vue d'oeil, mais ça emporte et se lit à une vitesse faramineuse. J'attends la(les?) suite(s) !
Par Emmaa le Dimanche 26 janvier 2014 à 11:55
Tout ce qu'on rêve de réaliser dans une vie...

Bravo à toi et à C.
Par Unreal le Lundi 27 janvier 2014 à 18:06
Je trouve que c'est un texte émouvant. Hé bien oui, nous en sommes tous et toutes là, à attendre ça. C'est bien écrit et il y a beaucoup de profondeur dans l'ensemble.
Par Salynga le Mardi 28 janvier 2014 à 5:43
J'imagine ton texte, plutôt qu'en lecture, en texte style "grand corps malade" ... Tu situes ?

Je l'imagine hurlé, passionné, en paroles ... C'est du grand art, j'adore, c'est magnifique ...

Tjr à mon petit avis, ne change rien ! N'ajoute aucune ponctuation, qui changerait l'esprit "passionné" du texte ...

Bref, premier coup de coeur sur ton blog, et j'espère en retrouver beaucoup du même style ! En un mot : merci !
Par Bleuterre le Samedi 1er février 2014 à 21:28
C'est très bien comme ça je trouve.... au moins ça ne tombe ni dans les clichés ni dans la caricature, c'est écrit avec beaucoup de finesse....
Par La Mag le Lundi 12 mai 2014 à 13:35
bluffant
 

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